Qui sont Céline Garnavault et Thomas Sillard ?
Thomas Sillard est plasticien sonore et concepteur d’objets et de dispositifs techno-bricolés. Céline Garnavault est autrice, metteuse en scène et interprète, elle invente des spectacles où les objets et les humain·es peuvent se rencontrer.
Ensemble, vous créez un «théâtre d’objet sonores techno-bricolés» : c’est-à-dire, pour les néophytes ? :)
C’est un théâtre fabriqué à partir d’objets à qui nous donnons vie par le truchement de la technologie et du son, dans un mode de pensée proche du bricolage, au sens de faire avec les moyens du bord, empiriquement, avec curiosité et une sincère attention aux objets et à ce qu’ils nous proposent.
Il en résulte des spectacles qui sont comme des expériences, entre arts de la marionnette, arts sonores, théâtre, musique, arts numériques et installations immersives pour inviter à la rencontre au dialogue et au jeu !
Tout l’aspect technique et technologique de votre travail est passionnant, d’autant qu’il n’empêche aucunement les gens de ressentir une profonde empathie pour vos objets... Quelle relation avez-vous envie de tisser avec les publics ?
Nos objets sont effectivement technologiques, mais ils sont surtout des outils, et ce que nous choisissons de créer avec ces outils, c’est de la relation, du dialogue et de l’émotion.
Par exemple, dans BAD BLOCK notre dernière (2024), nous faisons le choix d’inscrire l’intuition, l’aléatoire et l’intelligence collective - qui fonctionne par rebond des imaginaires les uns avec les autres - au cœur de l’expérience avec les publics. Ces objets vont d’ailleurs nous mettre en relation, en connexion les un·es avec les autres et le spectacle comprend un temps d’échange et d’expression du public qui fait partie intégrante de son écriture.
Il y aussi de l’humour et beaucoup de jeu, dans les spectacles que vous proposez...
Oui, car le jeu c’est une chose sérieuse ! Nous assumons ce processus d’aborder notre travail de façon empirique, concrète et ludique, et c’est justement ce que nous aimons partager avec les publics : ce goût du jeu et de la joie qui nous relie si spontanément les un·es aux autres.
Vous accordez une grande part à la recherche dans votre travail ?
Il faut imaginer que nous fabriquons nos dispositifs technologiques nous même de A à Z ! Notre premier laboratoire de recherche autour des objets sonores techno-bricolés a commencé en 2016 et ça ne s’est jamais arrêté depuis.
Nous avons démarré en 2023 une collaboration au long cours avec une chercheuse française, Emma Mérabet, qui travaille sur la question des scènes « désanthropocentrées ».
Nous collaborons également avec deux chercheur·ses outre-atlantique : l’artiste franco-canadienne Dinaïg Stall (arts de la marionnette) et la canadienne Julie Michèle Morin (robotique en scène) par l’intermédiaire du groupe FORMES à l’UQAM Montréal qui étudie les procédés,relations et formes marionnettiques.
Ensemble nous menons une recherche sur trois années intitulée : À l’ÉCOUTE DES OBJETS.
Créer des écosystèmes peuplés d’objets sonores vivants et d’humains, mettre au centre de nos projets la relation, l’empathie, l’écoute pour inventer de nouvelles formes de collaboration, et pour expérimenter un théâtre de la résonance avective : c’est un précieux moteur pour imaginer nos spectacles de demain !
Quelles sont les autres actualités de la compagnie ?
Nous fêterons en octobre 2025 la sortie de LA TÊTE un tour de chant geek pour une machine mi-pneu mi-punk. Dans ce format concert, la TÊTE, nouvelle créature techno-bricolée de Thomas Sillard, sera entourée de 9 bouches géantes robotiques en guise de choristes, avec une set-liste de chansons originales composées sur mesure par le prolifique Kim Giani. Cette création est soutenue en production par la SACEM.
Nous préparons notre future création AFFECTS (novembre 26) qui mêlera robotique, arts sonores, théâtre et formes animées contemporaines. Dans AFFECTS, les émois seront matérialisés en une assemblée d’objets électroniques bricolés, soudés, tangibles, vulnérables, ambigus, parfois drôles et souvent maladroits, ils poseront la question de la cohabitation avec ce qui nous encombre, nous déborde, mais aussi nous façonne.
Une version anglophone de BAD BLOCK est actuellement en préparation, en effet lauréate 2025 du parcours PARI! soutenu par le ministère de la Culture et l’Institut Français, la compagnie souhaite développer sa présence artistique à l’international.
Nos spectacles BLOCK et TRACK continuent leurs tournées avec de beaux temps forts comme le théâtre du Châtelet en octobre 2025 pour TRACK.
Nous avons également créé une EXPO interactive la saison dernière qui est programmée en parallèle de nos spectacles, cette saison à Albi et au festival Noob à Pont-Audemer.