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Vers de nouveaux imaginaires relationnels, par Céline Garnavault
Le 30/07/23 20:28

La compagnie La Boîte à sel mène un projet tout entier traversé par la question de l’animation , c’est à dire par le fait de «donner vie» à et de considérer ce qu’il y a de potentiellement déjà animé dans tout ce qui nous entoure.

Comme l’explique la chercheuse Emma Merabet, cela implique de décentrer l’humain et d’interroger les frontières et les catégories spontanément admises pour déceler le vivant et le sensible et comprendre les conditions de leur apparition.

Cette réflexion sur les modalités de coexistences et de relations entre les objets et les humain.es se traduit par l’invention d’outils-objets et de scénographies-installations vivantes qui constituent des mondes à part. Ces mondes, ces microcosmes, nous leur prêtons une autonomie et nous nous mettons à l’écoute des réseaux et des associations (notamment de sens) qui se tissent entre l’imaginaire de chacun.e (artistes, spectateur·ices) et les objets (y compris les accidents produits par les technologies utilisées).

La question de l’intentionnalité est centrale, parce que si les objets n’ont pas d’intention, ils contreviennent souvent à l’intentionnalité humaine à leur endroit, et c’est justement dans ce régime particulier d’attention aux objets que s’élabore toute la poétique de la compagnie .

De par ma pratique de comédienne- marionnettiste, je place l’expérimentation de la matière au centre de ma démarche de recherche - création. Si cette démarche nécessite des temps de documentation et des rencontres avec des artistes et des chercheur.ses, l’essentiel se déroule au plateau sous la forme d’un laboratoire du concret .

Ce processus empirique laisse en effet beaucoup de place à des expériences très concrètes, figuratives, à la matière, à l’accident et à la remise en jeu des cadres , ce qui me permet d’aller vers une plus grande liberté de forme et de propos.

Ces dispositifs viennent également interroger les modalités et les formats d’écriture : la question de l’interaction modifie les codes de la narration linéaire, l’immersion fait appel au sensoriel et à de nouvelles modalités dramaturgiques à inventer, enfin ces dispositifs permettent de déployer des compositions formelles rythmiques et sonores qui ne sont pas guidées uniquement par le moteur narratif et déploient une poétique de l’installation.

Ma recherche - création est volontairement en interaction avec les publics dans une démarche de co-construction qui me pousse contamment à interroger et à renouveler les formes et les enjeux de la représentation, comme en témoigne le projet «Bad Block» :

Au cours des laboratoires «Bad Block» - menés en amont du projet de création prévu fin 2024 - les adultes et les adolescent.es sont invité.es à prendre part au processus lors d’expérimentations concrètes et ludiques de notre dispositif et à questionner avec nous les enjeux de l’expérience sensorielle, immersive et interactive qui leur est proposée, ainsi que le sens même de cette invitation. Ce sont ces cochercheur·euses qui font émerger à nos côtés des directions inattendues et viennent ouvrir le sens.

Cette recherche - création autour de l’animation et des différents régimes de relation et d’attention qu’elle induit nourrit notre adresse aux publics enfants, adolescents et adultes, tout comme l’implication des publics lors de nos laboratoires nous décentre et vient en retour alimenter nos axes de recherche.


NOTES : * Emma Merabet «Cartographie de l’animation» (revue Corps Objet Image 3) /  Les segments en italique sont issus d’une correspondance privée avec ma collaboratrice et amie Dinaïg Stall

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